Guys I want a castle.

L'histoire de Flynn change aux grès de ses envies, du temps qui passe et des gens avec qui il se trouve. Un jour il est le fils d'une prostitué de l'auberge de la ville voisine, qui a du faire des pieds et des mains pour ne pas finir à quatre pattes sous une table dès ses huit ans, parti à la recherche de son père qui n'est qu'une silhouette floue parmi tant d'autres, quelques pièces contre un coup rapide dans l'arrière sale (entre les pommes de terres et les oignons). Parfois c'est un orphelin qui n'a pas connu ses véritables géniteurs, élevés par un couple de fermiers violents qui avait besoin d'un peu de main d'oeuvre pour ramasser les glands mûrs. Battu, affamé, exploité, il a fuit la ferme pour trouver plus d'amour dans des foyers plus chaleureux, retrouver la trace d'une éventuelle famille disparue. Le lendemain c'est un gamin de riches marchands, enlevé par la milice d'un pays voisin qu'ils occupent pour se voir enrôler dans l'armée, combattre la guerre civile. Il s'enfuit toujours, se retrouve à vagabonder sur les routes à la recherche d'un sort plus favorable ailleurs. La chaleur d'un foyer se compte aux nombres de bijoux que la maîtresse de maison porte sur elle. Les histoires tragiques plaisent aux femmes crédules a l'instinct maternel bien trop développé.

Ce qui est par contre plus certain à présent, c'est que sa tête se trouve affichée sur de nombreux avis de recherches dans différentes villes, dans différents univers. Personne ne sait vraiment comment il se déplace de monde en monde, il n'a jamais daigné en parler. Personne ne lui a jamais posé la question non plus. Vraisemblablement parce que personne n'a prit le temps de se poser la question, qu'il n'est pas ennemi public numéro 1, que la récompense affichée sous son portrait n'est pas aussi importante que celle d'un dangereux criminel. Personne n'a jamais pensé à accorder plus d'importance que nécessaire à son cas. Flynn dépouille quelques malheureuses familles, juste le temps qu'il faut pour se faire remarquer, puis s'éclipse ailleurs sans plus jamais refaire parler de lui. Son anonymat lui est précieux. Pourtant il travaille rarement en solo. Un travail bien fait est un travail dont le plus dur est réalisé par des acolytes et supervisé par ses soins. En particulier la partie ou il s'agit d'abandonner lâchement lesdits acolytes entre les mains d'une mort certaine ou de la justice.

Il prétextait pourtant ne pas être un meurtrier. S'enfuir de quelques gardes enragés en laissant deux gredins (ex-complices, le contrat s'était brutalement terminé) derrière lui à une morte certaine n'était pas un crime de sa main. Il y avait bien la vieille sorcière qui gardait enfermée une jeune fille dans une tour qu'il avait assassiné de sang-froid en la poussant par l'unique fenêtre de la chambre. Elle n'avait pas beaucoup souffert. Moins que la pauvre créature qu'elle séquestrait pour la jeunesse éternelle. Rana et Flynn étaient loin de seulement s'imaginer pouvoir s'entendre. Pourtant ils s'étaient retrouvés complices d'un crime sans que ça ne soit voulu (la princesse oubliée n'avait même pas conscience de ce que pouvait bien être un crime... vingt ans passé dans une tour coupée du monde n'avait pas aidé à la rendre très perspicace). D'un commun accord ils avaient fuit la tour, cherché à s'enfuir le plus loin possible de cette forêt. Rana montra qu'elle apprenait vite, faisait preuve de perspicacité et était loin d'être idiote. Flynn prit une complice à temps plein. Il avait déjà une idée pour le prochain (et premier) coup de maître qu'il allait mettre en place, au royaume de Corona.